Quand les animaux nous démasquent : une voie vers l’ÊTRE et la spiritualité
- Lucile Picker
- 30 mai
- 8 min de lecture

1. Les masques égotiques : définition et lien avec nos blessures
Dans notre vie quotidienne, nous portons souvent des « masques » : des comportements ou des attitudes qui nous servent à nous protéger. Ce sont des stratégies de survie que nous avons mises en place, souvent inconsciemment, pour éviter de souffrir. Ces masques nous aident à ne pas trop nous exposer aux autres, à garder le contrôle et à ne pas montrer nos failles.
Lise Bourbeau, dans son livre Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même, explique que chacun de nous porte des blessures fondamentales qui influencent nos comportements et nos relations. Elle identifie cinq blessures principales :
Le rejet, qui donne naissance au masque du fuyant.
L’abandon, qui fait naître le masque du dépendant.
L’humiliation, qui crée le masque du masochiste.
La trahison, qui engendre le masque du contrôlant.
L’injustice, qui forge le masque du rigide.
Ces masques sont des mécanismes de défense qui nous permettent de continuer à avancer malgré nos blessures. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, nous ne sommes pas figés dans un seul masque. Nous portons en réalité un « mélange » subtil de plusieurs masques, avec des couleurs et des nuances qui varient selon les personnes, les situations et les moments de notre vie.
Notre masque le plus prédominant est souvent celui que nous avons le plus de mal à voir, car il est comme une seconde peau. Il prend parfois toute la place et nous nous identifions tellement à lui qu’il nous semble être notre vraie nature. Pourtant, ce masque nous empêche souvent de toucher notre authenticité et notre véritable essence.
S’en défaire n’est pas une chose facile : cela demande d’oser laisser tomber ce à quoi nous nous sommes identifiés pendant des années. C’est accepter de laisser naître un espace de vide en soi pour se reconstruire sur d’autres bases, plus saines et plus apaisantes. Ce processus peut être déroutant car il nous invite à changer nos repères intérieurs et à réapprendre à nous connaître.
J’ai moi-même vécu cette expérience de révélation. Je pensais que ma plus grande blessure était celle du rejet. Jusqu’au jour où mon chiot a été tué par les chiens de ma voisine. Dans ce drame, elle n’a eu ni un seul mot réconfortant ni aucun geste bienveillant. J’étais complètement effondrée, incapable de sortir de la tristesse mais aussi de la colère que j’éprouvais envers elle. Lors d’une de ces cérémonies et méditations que je m’offre très régulièrement, les messages ont été clairs : j’ai rencontré ma blessure de trahison. J’ai même pu voir comment elle avait pris le contrôle de ma vie, et j’ai compris son empreinte transgénérationnelle. La vision de ma vie a alors pris une autre tournure. J’ai compris aussi ma grande difficulté à vendre mes chevaux. Car mes parents ont eux-mêmes été séparés de leur mère et ont vécu cette trahison. En vendant mes chevaux, j’avais l’impression de les trahir aussi. Depuis, je me libère de plus en plus de cette blessure et je vis autrement les événements de ma vie.
Dans ce parcours de libération, le lien aux animaux a été précieux. Leur présence m’a apaisée et m’a guidée vers l’acceptation de qui je suis, sans me juger, sans chercher à être parfaite, mais en m’ouvrant à ce qui est là, ici et maintenant. Dans ce monde impermanent, où tout peut changer à chaque instant, ils m’ont rappelé qu’il y a toujours une porte ouverte vers une transformation possible.
2. Avec les animaux, plus de place pour les masques
Dans la relation avec les animaux, nos masques n’ont plus leur place. Les animaux possèdent une intelligence émotionnelle et une sensibilité si fines qu’ils nous ressentent au-delà des mots et des gestes. Ils perçoivent nos peurs, nos blessures, nos colères et nos joies, sans se laisser tromper par nos façades. Ils n’ont pas besoin que nous soyons parfaits ni que nous jouions un rôle. Leur authenticité et leur absence de jugement créent un espace de vérité où il devient inutile de maintenir nos masques.
Mais ce qui rend cette relation encore plus précieuse, c’est l’amour inconditionnel qu’ils nous offrent. Cet amour nous donne le sentiment d’être acceptés et aimés tels que nous sommes, sans condition. Cela nous permet de nous sentir en sécurité, d’oser baisser la garde, de dépasser nos systèmes de protection et de défense et de nous autoriser à être simplement nous-mêmes.
Dans les stages et cérémonies que j’anime, je constate souvent à quel point cet amour des animaux permet de franchir des barrières intérieures. Il arrive régulièrement que des femmes, comme Jessica par exemple, se retrouvent confrontées à leur manque d’amour propre et à leur tendance à s’auto-juger. Elles peinent à gérer le jugement extérieur et se coupent de leur créativité au profit d’un sentiment d’impuissance. Elles attendent que la confiance en elles revienne pour agir, mais cette confiance tarde souvent à revenir.
Les chevaux, eux, ouvrent un tout autre chemin. Dans la dynamique collective du troupeau, chacun a un rôle à jouer pour l’équilibre du groupe. Faire n’est plus une question de confiance en soi mais une nécessité pour la survie et l’harmonie de tous.
Jessica découvre alors que son action n’a plus pour moteur son ego blessé, mais le simple fait de « faire sa part », comme le colibri. La question n’est plus de savoir si elle est à la hauteur, mais de comprendre que sa présence et son engagement sont essentiels pour le groupe.
Elle comprend aussi que si elle n’agit pas, cela oblige les autres à faire sa part à sa place — ce qui déséquilibre la dynamique et pèse sur l’ensemble. Lorsque Jessica vit cette expérience dans son corps et son cœur, elle réalise qu’exister et agir sont avant tout des actes d’amour pour le collectif. Elle comprend aussi qu’en offrant cet amour, elle s’autorise enfin à recevoir l’amour des autres. Elle ne peut plus demander aux autres de faire ce qu’elle-même refuse de faire.
Cet apprentissage profond ouvre alors un espace de guérison et de libération. Jessica, comme beaucoup d’autres, découvre qu’elle n’a plus besoin d’être parfaite ni d’attendre d’être prête pour agir. Elle comprend que c’est dans l’action et dans la responsabilité qu’elle trouve la confiance et l’amour qu’elle cherchait.
3. La communication animale : un chemin vers l’ÊTRE soi-même
La communication animale n’est pas seulement un échange de messages avec les animaux : c’est un véritable chemin d’exploration de soi. Elle nous invite à ouvrir notre cœur, à développer notre sensibilité et à nous reconnecter à notre humanité profonde.
Les chevaux, en particulier, m’ont guidée pendant tant d’années. Chaque jour, lors de mes méditations quotidiennes, ils venaient chacun à leur tour m’enseigner, me montrer un chemin, m’aider à traverser des étapes et à me libérer. Ils m’ont appris à accueillir ce que je ne comprenais pas toujours, ou ce que je ne voulais pas forcément voir.
Au début, ils ont tourné le miroir vers moi-même et ont orienté mes colères vers mes propres zones d’ombre qu’il était nécessaire de mettre en lumière. Ils m’ont bercée de cet amour inconditionnel si précieux pour trouver le courage d’oser l’authenticité.
Lors des stages de communication animale que j’anime, je vous propose de vivre ces « guidances animales » qui permettent de mieux se comprendre et de trouver en soi la force et la foi pour avancer sur le chemin de son propre être. Mais ce chemin va bien au-delà : il nécessite de transformer nos perceptions, d’ouvrir nos sens subtils et surtout de développer l’écoute de l’autre — cette écoute profonde, au-delà des mots, qui permet de sentir véritablement ce que vit l’animal ou la personne.
C’est dans cette transformation que se trouvent les plus belles libérations. Sortir du masque du sauveur est un long chemin qui demande de se regarder soi-même plutôt que de regarder à travers la fenêtre. Être au service des animaux, c’est aussi sortir de la posture du dominant (celle du « sauveur » qui se place souvent en position haute) et accueillir l’autre avec humilité.
Cela demande d’oser lâcher le masque égotique qui cherche à exister avant toute chose, et de laisser grandir en soi une posture d’humilité et d’ouverture. C’est là que naît la véritable communication animale, celle qui transforme et guérit, celle qui ouvre les portes de l’authenticité et de la liberté d’être soi.
4. Communication avec les animaux et spiritualité : un retour à l’essentiel
Développer la communication animale, c’est bien plus qu’apprendre à dialoguer avec les animaux : c’est un chemin qui nous invite à retrouver une spiritualité ancestrale et animiste, celle des peuples premiers. Ces peuples percevaient le divin en toute chose : dans chaque brin d’herbe, dans chaque animal, dans chaque pierre. Ils vénéraient la nature et vivaient dans un profond respect du vivant.
Cette vision du monde les amenait à ne pas prendre plus que ce dont ils avaient besoin, à honorer chaque vie et à cultiver la gratitude. Ils étaient dans l’instant présent, conscients que la richesse ne se mesure pas en biens matériels, mais dans la qualité de leur lien aux autres, à la nature et à leur propre cœur.
J’ai le sentiment que plus nous nous éloignons de nos masques pour revenir à notre identité profonde, plus nous ouvrons notre cœur et nous touchons à cette spiritualité ancrée et humble. Une spiritualité qui nous rappelle que nous faisons partie d’un grand tout, que nous sommes responsables de notre environnement et que notre bien-être est indissociable de celui des autres êtres vivants.
Ce retour à l’essentiel nous invite à redevenir des humains en harmonie avec la nature et notre environnement. C’est un chemin d’humilité et de simplicité, qui nous reconnecte à ce que nous avons de plus précieux : notre capacité à aimer, à respecter et à vivre en lien avec le vivant.
Conclusion
Les animaux nous offrent bien plus qu’un simple miroir : ils nous invitent à un profond retour à nous-mêmes. Ils perçoivent au-delà de nos masques égoïques, ces stratégies de protection qui nous ont servi à avancer mais qui nous ont aussi éloignés de notre authenticité. Leur présence aimante et sans jugement nous aide à dépasser nos peurs et à nous reconnecter à ce que nous sommes réellement.
Grâce à la communication animale, nous découvrons que ce chemin va bien au-delà d’un simple échange : c’est un voyage intérieur vers notre être véritable. Les animaux, par leur sensibilité et leur guidance, nous révèlent nos blessures et nos croyances limitantes, nous ouvrant ainsi la voie vers la guérison et la transformation.
Ce lien profond avec les animaux nous conduit également à redécouvrir une spiritualité humble et ancrée. Celle des peuples premiers, animiste et respectueuse du vivant, qui percevaient le divin dans chaque brin d’herbe et vivaient en harmonie avec la nature.
C’est une invitation à nous rappeler que nous faisons partie d’un grand tout, et que la richesse véritable se trouve dans la qualité de nos relations, avec les autres et avec la nature.
En osant déposer nos masques et en accueillant l’amour que les animaux nous offrent, nous nous rapprochons de notre essence profonde. Nous réapprenons à vivre avec humilité, à faire « notre part » comme le colibri, et à incarner l’harmonie avec le vivant.
C’est là que se trouve notre plus grande liberté : dans l’authenticité d’ÊTRE, et dans la beauté de la relation à soi, aux autres et à la Terre.
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